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Régimes matrimoniaux : comment faire le bon choix avant de dire "oui" ?

Le 24 octobre 2025
Régimes matrimoniaux : comment faire le bon choix avant de dire
Guide complet pour choisir votre régime matrimonial. Protégez votre patrimoine et sécurisez votre union selon votre situation

Près de la moitié des Français (49%) avouent ne pas avoir suffisamment de connaissances pour choisir leur régime matrimonial. Plus inquiétant encore, 33% des personnes déjà mariées ne connaissent pas précisément les règles de leur propre régime matrimonial, créant des risques patrimoniaux par défaut d'optimisation. Cette méconnaissance peut pourtant avoir des conséquences majeures sur votre patrimoine personnel et familial tout au long de votre vie conjugale. Les enjeux deviennent particulièrement cruciaux pour les entrepreneurs et les familles recomposées, où une mauvaise décision peut exposer vos biens ou léser vos enfants. Fort de son expertise en droit de la famille et en gestion patrimoniale, Maître Pierre-Marie Arcade, notaire au Mans, vous guide dans cette décision fondamentale à travers une analyse comparative approfondie des différentes options qui s'offrent à vous.

  • À retenir : La séparation de biens offre une protection optimale aux entrepreneurs, renforcée depuis mai 2022 par la séparation automatique des patrimoines professionnel et personnel (sans formalité préalable requise)
  • À retenir : Les familles recomposées peuvent sécuriser leurs projets matrimoniaux par un pacte de famille où les enfants non communs renoncent par avance à l'action en retranchement
  • À retenir : La clause de préciput permet au conjoint survivant de prélever le logement familial avant tout partage successoral (sans indemnité ni imputation sur sa part héréditaire)
  • À retenir : Les donations au dernier vivant restent révocables à tout moment contrairement aux avantages matrimoniaux irrévocables, créant une différence de sécurité juridique majeure

Les trois grands régimes matrimoniaux : comprendre pour mieux choisir

La communauté réduite aux acquêts : le choix automatique des Français

Depuis le 1er février 1966, ce régime s'applique automatiquement à tous les couples qui se marient sans contrat préalable. Son principe repose sur une distinction simple : chaque époux conserve la propriété exclusive de ses biens personnels (acquis avant le mariage ou reçus par donation ou succession), tandis que tous les biens acquis pendant le mariage deviennent automatiquement communs aux deux époux.

Cette simplicité apparente cache néanmoins des subtilités importantes. Par exemple, l'article 1402 du Code civil établit une présomption de communauté : tout bien dont l'origine propre ne peut être prouvée est considéré comme commun. Imaginez que vous receviez un héritage en liquide et que vous l'utilisiez pour acheter une voiture sans conserver de justificatifs : cette voiture deviendra un bien commun faute de pouvoir prouver son financement par des deniers propres.

Si ce régime offre une protection naturelle du conjoint survivant qui hérite automatiquement de la moitié des biens communs, il présente des risques significatifs pour les entrepreneurs. Les dettes professionnelles contractées par l'un des époux peuvent en effet engager l'ensemble du patrimoine commun, mettant en péril l'équilibre financier du foyer. Une protection supplémentaire existe néanmoins avec la clause de préciput, qui permet au conjoint survivant de prélever certains biens du patrimoine commun (comme le logement familial) avant tout partage successoral, sans indemnité ni imputation sur sa part héréditaire.

À noter : Ce régime communautaire reste plébiscité par certains profils sociodémographiques spécifiques : les femmes (68%) et les personnes âgées de plus de 65 ans (71%) le préfèrent majoritairement, témoignant d'une vision plus traditionnelle du mariage basée sur le partage et la solidarité patrimoniale.

La séparation de biens : l'indépendance patrimoniale plébiscitée par les jeunes

La popularité de ce régime a connu une croissance spectaculaire de 50% chez les jeunes couples entre 1992 et 2010, passant de 10% à 15% des unions. Cette évolution traduit une volonté croissante d'indépendance financière au sein du couple (particulièrement marquée chez les jeunes qui privilégient l'indépendance patrimoniale). Sous ce régime, chaque époux conserve la propriété, l'administration et la jouissance exclusive de ses biens, qu'ils soient acquis avant ou pendant le mariage.

Pour un chef d'entreprise manceau qui lance sa startup, ce régime offre une protection optimale contre les créanciers professionnels. Si l'entreprise connaît des difficultés, seuls les biens personnels de l'entrepreneur pourront être saisis, préservant ainsi le patrimoine du conjoint et la sécurité financière de la famille.

Une subtilité méconnue permet d'ailleurs de combiner protection et solidarité : l'ajout d'une clause de société d'acquêts. Cette clause, issue de la pratique notariale, permet de créer une masse commune pour certains biens choisis (typiquement la résidence principale), tout en maintenant la séparation pour le reste du patrimoine. Attention toutefois : les biens de la société d'acquêts ne bénéficient pas de la protection contre les créanciers professionnels d'un époux, contrairement aux biens en séparation pure, ce qui peut créer une faille dans le dispositif de protection patrimoniale.

Exemple pratique : Marc, architecte indépendant au Mans, et Sophie, cadre dans une entreprise locale, se marient sous le régime de la séparation de biens avec société d'acquêts limitée à leur résidence principale. Marc acquiert seul un local professionnel de 150 000 euros et Sophie investit dans un appartement locatif de 200 000 euros. Ils achètent ensemble leur maison familiale de 350 000 euros qui entre dans la société d'acquêts. Si Marc connaît des difficultés professionnelles, ses créanciers pourront saisir son local professionnel et sa quote-part de 50% dans la maison (175 000 euros), mais pas l'appartement locatif de Sophie ni sa part dans la résidence principale.

Communauté universelle et participation aux acquêts : des régimes sur mesure

La communauté universelle représente l'exact opposé de la séparation : tous les biens deviennent communs, qu'ils soient acquis avant ou pendant le mariage. Ce régime trouve sa pertinence principale lors des changements en cours de mariage, puisque 75,2% des couples qui modifient leur régime optent pour cette solution, généralement assortie d'une clause d'attribution intégrale au conjoint survivant.

Le régime de participation aux acquêts offre quant à lui une solution hybride originale. Pendant le mariage, les époux vivent comme en séparation de biens, conservant leur indépendance patrimoniale totale. À la dissolution du mariage, un calcul d'enrichissement est effectué : celui qui s'est le plus enrichi doit verser à l'autre la moitié de la différence entre leurs enrichissements respectifs.

Prenons l'exemple d'un couple où l'épouse, médecin au Mans, a vu son patrimoine croître de 300 000 euros pendant le mariage, tandis que son conjoint, enseignant, ne s'est enrichi que de 100 000 euros. À la dissolution, elle devra lui verser 100 000 euros pour équilibrer leurs enrichissements.

Conseil : Pour les couples binationaux résidant au Mans, sachez que la Convention de La Haye du 14 mars 1978 définit les critères de rattachement juridique pour déterminer la loi applicable à votre régime matrimonial. La première résidence habituelle commune après le mariage ou, à défaut, la nationalité commune des époux, déterminera généralement la loi applicable. Une consultation notariale s'impose pour sécuriser votre situation internationale.

Adapter votre régime matrimonial à votre situation personnelle

Entrepreneurs et professions libérales : la protection patrimoniale avant tout

Pour les créateurs d'entreprise et professions libérales, le choix du régime matrimonial revêt une importance capitale. Depuis la loi Macron de 2015, la résidence principale de l'entrepreneur individuel bénéficie certes d'une insaisissabilité automatique, mais cette protection reste limitée à la partie habitation du logement. Une évolution majeure est intervenue le 15 mai 2022 avec la séparation automatique des patrimoines professionnel et personnel de l'entrepreneur individuel, applicable sans formalité préalable, renforçant considérablement la protection du conjoint même en régime communautaire.

Au-delà de cette protection de base, une déclaration d'insaisissabilité par acte notarié permet d'étendre cette protection à d'autres biens immobiliers. Le coût de cette déclaration, généralement compris entre 250 et 500 euros, représente un investissement modeste au regard de la sécurité qu'elle procure.

  • Optez systématiquement pour la séparation de biens si vous exercez une activité à risque
  • Complétez par une déclaration d'insaisissabilité pour vos biens immobiliers personnels
  • Envisagez une société d'acquêts uniquement pour la résidence familiale (en connaissant ses limites face aux créanciers)
  • Documentez précisément l'origine des fonds utilisés pour vos acquisitions

Familles recomposées : sécuriser la transmission sans léser les enfants

Dans une famille recomposée, la protection du conjoint se heurte aux droits des enfants d'une première union. La loi limite en effet la part du conjoint survivant au quart de la succession en présence d'enfants non communs, contre la totalité en usufruit avec des enfants communs uniquement.

Cette limitation peut créer des situations dramatiques. Imaginez un couple recomposé vivant au Mans dans une maison acquise ensemble. Au décès de l'un, le conjoint survivant pourrait être contraint de vendre le logement pour verser leur part aux enfants du défunt. La solution passe par une communauté universelle avec clause d'attribution intégrale, qui permet au survivant de conserver l'intégralité du patrimoine commun.

Toutefois, les enfants non communs disposent d'un droit spécifique : l'action en retranchement. Ils peuvent contester les avantages matrimoniaux jugés excessifs et les faire réduire à la quotité disponible. Une possibilité de sécurisation existe par pacte de famille avec renonciation anticipée des enfants non communs à cette action, permettant de valider définitivement les projets matrimoniaux. D'où l'importance de compléter le dispositif par une donation au dernier vivant, dont le coût modique de 135,84 euros TTC offre une protection supplémentaire au conjoint (attention toutefois au droit de retour légal des parents du défunt sur les biens qu'ils avaient donnés, pouvant limiter l'efficacité de cette protection et nécessitant des clauses spécifiques pour les contourner).

À noter : Une différence fondamentale existe entre les avantages matrimoniaux et les donations au dernier vivant : ces dernières peuvent être annulées à tout moment par le donateur, contrairement aux avantages matrimoniaux qui sont irrévocables. Cette différence de sécurité juridique est cruciale pour le bénéficiaire et doit guider votre stratégie de protection du conjoint survivant.

Patrimoines déséquilibrés : préserver l'équité sans sacrifier la protection

Lorsqu'un époux dispose d'un patrimoine préexistant important ou attend un héritage conséquent, le régime de participation aux acquêts offre une solution équilibrée. Il préserve les biens initiaux tout en permettant un partage équitable des enrichissements futurs.

Cette approche convient particulièrement aux couples où l'un des conjoints possède un patrimoine familial qu'il souhaite transmettre à ses enfants, tout en assurant une protection financière à son conjoint. Le régime permet ainsi de concilier indépendance patrimoniale et solidarité conjugale.

Changer de régime matrimonial : une évolution possible mais encadrée

La vie d'un couple évolue, et le régime matrimonial peut s'adapter à ces changements grâce à l'expertise notariale. Depuis mars 2019, la loi a supprimé le délai minimal de deux ans, permettant de modifier son régime à tout moment. Cette flexibilité s'avère précieuse lorsque la situation professionnelle ou familiale évolue.

Le processus implique néanmoins des coûts non négligeables. Les frais notariaux oscillent entre 800 et 2 500 euros minimum, auxquels s'ajoutent les droits d'enregistrement de 125 euros et, en présence de biens immobiliers, une taxe de publicité foncière de 0,715% calculée sur la moitié de leur valeur. Pour un bien d'un million d'euros, la taxe s'élève ainsi à 3 575 euros. Pour les contrats de mariage dépassant 30 800 euros de valeur, le barème proportionnel des émoluments notariaux s'applique : 1,315% entre 0 et 6 500 euros, puis 0,542% entre 6 500 et 17 000 euros, puis 0,362% entre 17 000 et 60 000 euros, puis 0,271% au-delà de 60 000 euros.

La procédure impose également une information obligatoire des enfants majeurs et des créanciers, qui disposent d'un délai de trois mois pour s'opposer au changement. Cette transparence vise à protéger les intérêts de tous les membres de la famille et des tiers.

Le choix d'un régime matrimonial constitue une décision fondamentale qui mérite une réflexion approfondie et des conseils personnalisés. Chaque situation familiale et patrimoniale appelle une solution sur mesure, tenant compte de vos projets professionnels, de votre composition familiale et de vos objectifs de transmission. L'Office notarial de Maître Pierre-Marie Arcade au Mans vous accompagne dans cette analyse comparative pour identifier le régime le plus adapté à votre situation. Fort de son expertise en droit de la famille et en gestion patrimoniale haut de gamme, Maître Arcade vous propose un accompagnement global, de la rédaction du contrat de mariage initial aux éventuelles évolutions futures de votre régime matrimonial. N'hésitez pas à prendre rendez-vous pour bénéficier de conseils personnalisés et sécuriser votre avenir patrimonial dans la région mancelle.